Zoom sur le Centre national de Spécialisation sur les Céréales séches


Le Centre d’étude régional pour l’amélioration de l’adaptation à la sécheresse (CERAAS) a été créé pour répondre aux  défis et enjeux de l’amélioration de la production agricole en zones sèches des pays membres du Conseil Ouest et Centre Africain pour la Recherche et le Développement Agricoles (CORAF). Ses activités de recherche et de formation visent 5 principaux objectifs : (i) améliorer les connaissances sur le fonctionnement des plantes en conditions de sécheresse, (ii) identifier les critères physiologiques et moléculaires d’adaptation des plantes à la sécheresse et les intégrer dans les programmes de sélection, (iii) développer des outils d’aide à la décision pour les systèmes agricoles à ressources hydriques limitées, (iv) améliorer le milieu et les pratiques culturales favorisant une meilleure adaptation des cultures à la sécheresse, (v) renforcer les capacités des équipes de recherche des Systèmes nationaux de recherche agricole (SNRA) sur des outils et méthodes permettant de produire plus et mieux en conditions sèches. Son montage institutionnel, son positionnement stratégique dans le dispositif du SNRA sénégalais, ses infrastructures et équipements en font une plateforme de synergie entre recherche et enseignement supérieur agricoles du Sénégal et de la sous région.
 
La recherche

Les recherches entreprises par le CERAAS concernent les principales plantes suivantes : arachide, niébé, sésame, et les céréales sèches (mil, sorgho). Par la suite, les plantes étudiées ont été diversifiées avec l’intégration d’autres céréales sèches telles que le maïs et le fonio et d’arbres tropicaux tels que le baobab et le tamarinier. Les champs disciplinaires couverts sont : l’agronomie, l’agroclimatologie, l’agromodélisation, la physiologie, la biochimie, la génétique, les biotechnologies végétale et microbienne et la biométrie.

Les thèmes de recherche sont organisés autour de quatre axes de recherche :
1.  Stratégies de sélection et d’amélioration variétales adaptées aux contraintes hydriques et de fertilité des sols en zones sèches d’Afrique de l’Ouest et du Centre
2.  Utilisation des outils biotechnologiques pour l’amélioration de l’adaptation des plantes à la sécheresse
3.   Amélioration des systèmes de culture dans les zones sèches d’Afrique de l’Ouest et du Centre soumises à la sécheresse et à la dégradation des terres
4.  Alerte précoce et atténuation des effets de la sécheresse : Adaptation et transfert d’outils de prévision agricole dans les zones des Savanes sèches de l’Afrique de l’Ouest et du Centre
 
La formation
Une des missions du CERAAS est de servir de plateforme de renforcement des capacités des SNRA de la sous région en matière d’adaptation à la sécheresse, à travers la formation sur les techniques modernes et de les transférer aux scientifiques nationaux.
Cette mission du CERAAS se situe à deux niveaux:
1. une formation de type académique ou diplômante (Ingéniorat, CESS, DESS, Masters, DEA, Doctorat) dont le programme est conduit en partenariat avec l’Université de Dakar, l’Université de
Thiès et différents bailleurs de fonds. Pour accéder à cette formation les étudiants doivent bénéficier d’une bourse.
2. Une formation de type modulaire à travers des ateliers de formation ou l’accueil de chercheurs
 
Acquis et impacts du CERAAS : une très riche moisson
1. Du matériel végétal



 - la création d’une trentaine de variétés d’arachide en tests multilocaux en plus des variétés Fleur 11 et GC 8-35 qui sont très performantes. Ce matériel génétique a été utilisé dans plusieurs programmes nationaux d’Afrique et d’Amérique du Sud (Burkina Faso, Botswana, Brésil) pour la création de lignées plus performantes que les variétés locales ; 
- la création de huit variétés de sorgho actuellement inscrites au catalogue officiel du Mali et couvrant
95% des superficies emblavées en sorgho dans la zone CMDT. Une de ces variétés appelée Migsor 86-30-03 est utilisée comme géniteur dans des programmes de sélection en Afrique et aux Etats Unis;
- l’identification de gènes impliqués dans la stabilité membranaire chez le niébé ;
- l’esquisse d’une carte variétale et l’élaboration d’une fiche technique de la culture du sésame au Sénégal et la définition des zones agro climatiques d’adaptation de sept variétés parmi lesquelles quatre (38-1-7 ; Primoca ; 32-15 et Cross 3) sont reconnues tolérantes à la sécheresse
- l’identification de critères pertinents d’adaptation à la sécheresse chez le niébé
- la mise au point et l’adaptation de techniques modernes de marquage moléculaire

2. Des outils d’aide à la décision
Les travaux conduits par le CERAAS dans le domaine de la modélisation en collaboration avec ses partenaires, notamment le CIRAD, ont conduit à:
-  Un modèle de pilotage de l’irrigation, basé sur l’état hydrique du sol et de la plante et sur la modélisation des bilans d’eau, qui a permis de concilier les objectifs d’économie d’eau, de rendement et de qualité technologique de la production d’arachide de bouche. Ce modèle qui est transférable sur d’autres cultures, moyennant des ajustements mineurs, présente un intérêt certain pour les pays sahéliens qui, du fait d’une sécheresse chronique, orientent de plus en plus leur politique agricole vers les cultures irriguées ;
- Le modèle de bilan d’eau (AraBhy), associé à un SIG pour l’interprétation des données de terrain, a été exploité afin d’améliorer la précision des prévisions de la production d’arachide au Sénégal.
Une application en a été développée pour aider les professionnels de l’arachide à identifier, en cours de campagne, les zones potentielles de calamités et d’excédents liés au climat, ce qui permet de mieux gérer le programme d’appui aux agriculteurs sinistrés. En dehors de l’Afrique, ce modèle a été adapté à d’autres environnements (Argentine) où il a été utilisé par les producteurs comme outil d’alerte et de pilotage de la culture de l’arachide. Le modèle SARRAH (Système d’analyse régional des risques agroclimatiques) a été développé pour la simulation du bilan hydrique et du rendement des cultures.
 
3. Choix du CERAAS comme CNS Céréales séches
Les acquis du CERAAS en matière de formations diplômantes et modulaires ainsi que ses résultats de recherche applicables ou adaptables à d’autres pays à écologie et/ou préoccupations comparables, à l’intérieur et en dehors de la zone CORAF, ont justifié son choix comme Centre National de Spécialisation du Sénégal du Programme de productivité agricole en Afrique de l’Ouest (PPAAO/WAAPP).
Ce choix est également justifié par les infrastructures et équipements scientifiques que le CERAAS a acquis et qui fait de lui l’une des meilleures plateformes régionales en matière de biotechnologie et écophysiologie végétales. L’ambition du CERAAS est d’évoluer en Centre d’excellence du CORAF/
WECARD afin de jouer pleinement son rôle pour le développement agricole et l’intégration régionale.

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